Mayenne - Les eaux souterraines touchées par des métabolites de pesticides

Alexis ROBERT – Conseil départemental de la Mayenne04A cantal

Jusqu’à 2019 les eaux souterraines mayennaises étaient très majoritairement exemptes de pesticides et de leurs métabolites. L’élargissement récent des molécules recherchées par l’ARS dans le cadre du contrôle sanitaire (métabolites des chloroacétamides de forme ESA* et OXA*) a conduit à décrire une situation plus dégradée que pouvait laisser présager les suivis réalisés dans d’autres régions.

 

 

 

 

Extrait du bulletin n°23-situation début septembre 2020

Lors de l’assemblée générale de l’Agence Technique Départementale de l’eau de la Mayenne, le point de la situation a été réalisée avec l’ARS auprès des collectivités productrices d’eau potable sur la base de cadrages récents de l’ANSES (avis du 14 janvier 2021) et de la direction générale de la Santé (instruction du 12 décembre 2020) et des suivis sanitaires réalisés depuis 1 an environ.

Une situation de non-conformité préoccupante, mais sous le seuil de risque sanitaire

Le métabolite le plus problématique est l’ESA* métolachlore (produit de dégradation du S-métalachlore, herbicide maïs principalement) qui est omniprésent dans les eaux de surface ainsi qu’au niveau de trente captages souterrains (soit 38 % des captages). Ce seul métabolite conduit à des non-conformités temporaire ou permanente pour 60 % de la population mayennaise. A noter que les captages souterrains impactés sont majoritairement en nappe libre, mais quelques ressources semi-captives sont aussi concernées.

A noter que ces non-conformités n’entrainent pas de restriction de consommation, la valeur sanitaire étant 5 000 fois supérieure à la norme de 0,1 µg/l. Néanmoins des mesures curatives devront être mises en place dans le cadre de dérogations (durée de 3 ans renouvelable une seule fois). L’instruction de la DGS indique que les mesures préventives ne pourront être acceptées seules car sur un temps de résultats trop long.

Des solutions curatives couteuses appelant des mesures préventives

Pour les eaux souterraines (environ 30 captages impactés), la mise en place de traitements spécifiques va se confronter à des difficultés de faisabilité financière en particulier pour les petites ressources produisant quelques dizaines ou centaines de mètres cube d’eau par jour. Dans l’état actuel des choses, en l’absence de gradation selon la taille du captage, le contexte hydrogéologique ou le niveau de contamination, certaines ressources seront probablement mises en sommeil en contradiction avec les orientations départementales prônant la diversification vers les eaux souterraines. Par ailleurs, ces eaux souterraines peuvent être « déclassées » uniquement sur ce métabolite, la qualité de l’eau brute étant globalement bien meilleure que les eaux de surface. Dans tous les cas, des démarches préventives visant à réduire l’usage des produits phytosanitaires seront à conduire sur la majorité des captages souterrains afin de sécuriser la qualité de l’eau de ces ressources.

Pour les eaux de surface, l’optimisation des traitements à charbons actifs existants devrait permettre de résoudre la majorité des difficultés (60% de l’eau potable en Mayenne) tout en améliorant possiblement le traitement de micropolluants émergeants (métabolites de pesticides ou de produits médicamenteux non recherchés à ce jour).


*ESA : ethan-sufonic-acid

*OXA : oxalinic-acid

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