Cyril DELPORTE– Conseil départemental du Lot
Les « avions renifleurs » avaient fait « le buzz » … et pourtant le développement de technologies autorise des investigations aéroportées prometteuses. Après les recherches expérimentales de ressources en eaux souterraines par André Tarrisse au moyen d’ULM voire d’hélicoptère, la dernière génération de drones offre des potentialités qui viennent d’être testées sur des sources du Quercy. Leurs applications sont multiples en hydrogéologie.
L’alimentation en eau potable (AEP) du département du Lot est assuré à plus de 50 % par les aquifères karstiques du Jurassique. Avec le développement de l’adduction publique, les captages ont été aménagés au niveau des résurgences. Depuis, les considérations sanitaires (protection des captages, qualité des eaux), l’augmentation prévisionnelle des besoins AEP et les développements technologiques et/ou scientifiques encouragent les collectivités locales à déplacer les captages à l’amont des sources, à l’aplomb des galeries karstiques avec des aménagements parfois lourds (tels que la galerie technique du captage des Chartreux à Cahors, les forages des sources Bleues, de Landenouze, de Cabouy et du Ressel à Soturac, Cajarc, Rocamadour et Marcilhac sur Célé).
Comme de nombreuses cavités sortent en lit mineur des rivières et ne sont pas mobilisées à ce jour malgré leur potentiel, le Département du Lot est intéressé aux développements technologiques (géophysiques…) pour la détection des cavités noyées. Le CNRS a proposé de tester les recherches de sources noyées sous les rivières au moyen de mesures thermiques aéroportées. Le Département disposant d’une télépilote et de drones compte bénéficier de ce transfert de technologie et envisage de l’appliquer pour améliorer la connaissance de ces aquifères karstiques.
Début 2022, à la source de Bleue (ou Bual) de St Eulalie (vallée du Célé), une prospection aéroportée originale utilisant l’amplitude des températures entre la source et la rivière en période hivernale sera réalisée pour détecter les sorties pérennes sous la rivière Célé. Jusqu’à présent nous n’avions connaissance que de l’exutoire de trop-plein ne nous permettant pas d’appréhender le bilan hydrologique de ce système karstique. Il s’agit notamment de pouvoir retrouver des restitutions de traceurs lorsque que la source de trop plein s’arrête de fonctionner. Ces éléments sont déterminants pour les collectivités afin de pouvoir définir l’aire d’alimentation des sources dont les opérations de traçages sont confiées au Parc Naturel des Causses du Quercy.
Imagerie thermiques de sourcettes thermales
Le Département du Lot -veillant à la pérennité des ressources pour l’eau potable en tant que pilote du Schéma Départemental d’AEP- recherche aussi des ressources alternatives à la nappe alluviale de la Dordogne qui contribue à près de 30 % de l’AEP du Département. Il s’agit notamment de réduire cette relative vulnérabilité des collectivités riveraines s’alimentant dans cette nappe de la Dordogne (puisqu’une opération de coloration de la rivière a démontré que la totalité des 60 km du cours de la Dordogne lotoise serait impactée en moins de 24 h). Comme André Tarrisse y avait identifié des « bassins orphelins » (sans exutoires connus), on imagine que certaines sources karstiques émergent dans le lit de la rivière empêchant leur détection par des moyens classiques. Des investigations thermiques par drone permettraient de mettre à jour de nouvelles ressources indépendantes de la nappe de la Dordogne sur lesquelles les collectivités pourraient s’appuyer pour diversifier et surtout sécuriser la ressource en eau potable.
Crédits photos : Laurent Bruxelles (CNRS)