Amélioration de la connaissance des eaux souterraines en domaine karstique : présentation du projet Eaux-Scars porté par le BRGM – Point d’étape

Nathalie JACQUEMAIN – Conseil départemental de la Dordogne

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Cette étude d’échelle régionale vise à l’amélioration de la connaissance des aquifères carbonatés Crétacé et Jurassique du Nord du Bassin aquitain, particulièrement stratégiques pour le département de la Dordogne et pour partie les départements du Lot, Lot-et-Garonne et Charente.

L’étude Eaux-Scars portée par le BRGM est un travail de recherche de grande ampleur d’échelle régionale, sur les nappes souterraines dites « systèmes carbonatés du secondaire », libres et captifs, du Nord du Bassin aquitain.

Ce programme ambitieux fait écho, notamment, aux démarches déjà engagées par le Département de la Dordogne depuis près de vingt ans en matière d’eaux souterraines qui visent à améliorer les connaissances, la compréhension et la gestion des eaux souterraines de Dordogne.

Le projet recouvre un territoire plus vaste que la Dordogne puisqu’il concerne également les départements du Lot, Lot-et-Garonne et Charente. Il présente l’intérêt d’associer outre les financeurs institutionnels (l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, l’Europe et la Région), les Conseils départementaux concernés : Dordogne, Charente, Lot et Lot-et-Garonne, en tant que partenaires technico-financiers.

Les objectifs

Il s’agit de mieux comprendre le fonctionnement des aquifères carbonatés et leurs interactions avec le milieu superficiel. Cela doit permettre de fournir aux acteurs des données et des outils pour une gestion de la ressource plus optimale dans le contexte de changement climatique, de proposer des solutions à la problématique du moratoire sur les nouveaux forages au Jurassique du Lot-et-Garonne, d’apporter des éléments pour la sécurisation future de l’AEP dans certains secteurs du Lot, d’améliorer le modèle numérique Nord-Aquitain MONA (permettant d’évaluer les réserves disponibles et les potentialités géothermiques), de quantifier la contribution des aquifères carbonatés aux milieux superficiels pour le soutien d’étiage, le maintien des zones humides et de la biodiversité associée (problématiques cruciales pour le département de la Dordogne)…

En résumé, il s’agit de combler bon nombre de lacunes, dans un contexte climatique peu favorable à terme et où les pressions d’usages risquent d’être exacerbées.

A objectifs ambitieux, partenariat scientifique de haut niveau

Un partenariat scientifique de haut niveau a été mis en place. L’Université de Bordeaux (I2M - Institut de Mécanique et d’Ingénierie, équipe Génie Civil et Environnemental) et l’Ecole d’ingénieurs ENSEGID de Bordeaux ainsi que le Pôle de compétitivité AVENIA basé à Pau sont associés au projet avec la réalisation d’une thèse (caractérisation et évolution des processus d’échanges entre aquifères de bordure de bassin à partir d’outils géochimiques et statistiques) et de deux post- doctorats (« Karstogenèse des massifs nord-aquitains : impact de la karstification durant l’émersion au Crétacé inférieur sur la plateforme jurassique» et « modélisation hydro-économique »).

Un souhait de concertation avec les collectivités 

Au-delà des Départements déjà sensibilisés à la question, il y a une volonté clairement affichée d’associer les collectivités à la démarche avec la réalisation d’études socio-économiques sur des secteurs stratégiques.

Un projet de plateforme expérimentale sous maîtrise d’ouvrage du Département de la Dordogne 

Ce programme prévoit également la création d’une plateforme expérimentale composée de forage(s) profond(s) dans le sud du département de la Dordogne qui permettra de recueillir les données sur lesquelles s’appuiera le volet recherche. Ces ouvrages seront dans un premier temps utilisés dans le cadre strict de ce programme puis ils pourront être mis à la disposition d’organismes publics notamment pour de la recherche scientifique ou de l’enseignement (universités).

Conscient du caractère fédérateur de l’opération, le Département a fait le choix de porter la maîtrise d’ouvrage de la création de cette plateforme qui se réalisera en collaboration étroite avec le BRGM et en concertation avec différents partenaires (organismes financeurs, universités, conseils départementaux, syndicats départementaux…). Dans l’attente de la finalisation du plan de financement, le projet pourrait démarrer fin 2022.

Le calendrier et les aspects financiers

L’étude a démarré dès 2019 et devrait se terminer en 2025. Les premières années sont consacrées à la récolte des données qui seront interprétées sur les deux dernières années. A noter que la crise COVID a retardé certaines opérations sans toutefois les abandonner.

Le coût de l’opération s’élève à 4 M€ HT auxquels s’ajoutent un peu plus de 1 M€ HT consacrés à la plateforme expérimentale.

Les premières investigations 

  • Les différents travaux de recherche universitaire sont lancés,
  • L’acquisition de données électromagnétiques aéroportées est réalisée, leur interprétation est en cours,
  • Les reprises et nouvelles interprétations de pompages d’essai sont en cours,
  • Les campagnes de prélèvements en eaux souterraines et en eaux superficielles sont en cours,
  • Les jaugeages sériés sur les cours d’eau stratégiques en période hautes (mai 2022) et basses eaux (à venir en septembre) sont en cours,
  • La détection semi-automatique de 15 000 dolines a été réalisée,
  • L’équipement de sites pilotes de sources stratégiques, de stations de jaugeage sur des rivières est en cours,
  • La réinterprétation de profils sismiques est réalisée.
  • ….

La phase de récolte de données est donc bien avancée et est assez prometteuse et doit se poursuivre notamment par la réalisation de la plateforme expérimentale courant 2023.

Art 4 C1

 Vue de l'hélicoptère et de l'antenne

Art 4 C2

Carte des débits spécifiques mesurés en hautes eaux 2022

 

Pour en savoir plus : 

 

 

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