Le métier d'hydrogéologue

Histoire très sommaire de l'hydrogéologie
L'hydrogéologue
Nombre de postes et types d'employeurs
Hydrogéologue dans les collectivités territoriales
Hydrogéologue dans les services de l'Etat
Hydrogéologue dans les Agences de l'eau

 

Histoire très sommaire de l'hydrogéologie

La loi qui régit l'écoulement des eaux souterraines a été énoncée par Henri DARCY en 1856. Cette date marque la naissance de l'hydrogéologie moderne.

L'hydrogéologie ne devient une discipline scientifique à part entière que dans la deuxième partie du XXe siècle. Ce n'est que depuis le début des années 60 que l'hydrogéologie est enseignée dans les universités ou les écoles d'ingénieurs.

Le besoin de spécialistes des eaux souterraines est apparu avec le développement des services d'alimentation eau potable. La préoccupation initiale était quantitative et l'hydrogéologue avait pour mission l'identification, la quantification et la mise en production des ressources souterraines.

La prise en compte des problématiques de qualité est devenue plus prégnante à partir des années 70, du fait, notamment, de la dégradation constatée de certaines ressources soumises aux pollutions d'origine agricole, industrielle, voire domestique.

A partir des années 80, l'accroissement des capacités de calcul des ordinateurs, et surtout l'accès plus facile à ces capacités grâce aux micro-ordinateurs, ont permis de modéliser les nappes et de simuler leur fonctionnement, tant du point de vue quantitatif que qualitatif.

L'hydrogéologue

L'hydrogéologue est un naturaliste, formé à différentes disciplines scientifiques : géologie, hydraulique souterraine et géochimie auxquelles peuvent s'ajouter, selon les cas, la pédologie, la géophysique, la géotechnique, l'hydrologie, la climatologie, la modélisation. Cette liste n'est pas exhaustive.

Grâce à sa connaissance de ces disciplines et à sa capacité à se représenter le milieu souterrain, l'hydrogéologue doit appréhender et comprendre le fonctionnement des ressources en eau souterraines et ce toujours à partir d'informations très ponctuelles et souvent fragmentaires.

Dans son activité professionnelle, ses missions sont diverses mais toujours liées au développement et à l'aménagement du territoire, que ce soit pour identifier et valoriser des ressources nouvelles, garantir la protection des nappes contre la surexploitation ou la pollution, restaurer la qualité des eaux souterraines dégradées, voire évaluer les risques liés au sol et au sous-sol lorsque l'eau est facteur de risque.

C'est l'expert référent en matière de gestion des eaux souterraines dont dépend, rappelons le, la pérennité de nos cours d'eau.

Nombre de postes et types d'employeurs

On dénombre environ un millier de postes d'hydrogéologues sur le territoire national.

Outres les postes d'enseignants-chercheurs au sein des universités, les emplois sont répartis entre :

  • les bureaux d'études spécialisés, quelle que soit leur taille ;
  • les services déconcentrés de l'Etat (Ministères en charge de l'environnement, de la santé, de l'agriculture, de l'équipement, de l'industrie) ;
  • les établissements publics de l'Etat : Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) et Agences de l'eau ;
  • les collectivités territoriales (Conseils généraux en particulier) ou leurs groupements (syndicats de communes, syndicats mixtes, établissements publics territoriaux de bassin). 

Hydrogéologue dans les collectivités territoriales

Dans les collectivités territoriales, les hydrogéologues exercent leurs compétences à l’interface du technique, du politique et du réglementaire. Leurs missions concernent l’expertise des problématiques, la définition des besoins des collectivités, l’élaboration des projets ayant pour but de satisfaire ces besoins, les processus de décision, le montage juridique, administratif et financier des projets et l’accompagnement de leur réalisation.

Ces missions peuvent s’exercer dans différents types de collectivités. Si les Conseils généraux représentent toujours la majorité des postes, une évolution est enregistrée avec l’ouverture de postes dans des structures spécialisées du type :

  • structures de coopération intercommunale ayant généralement la compétence alimentation en eau potable ;
  • établissements publics spécialisés ayant une compétence gestion de la ressource du type établissements publics territoriaux de bassin (EPTB, qui regroupent différentes formes juridiques : syndicat mixte, institution, etc.).

Contrairement à ses alter ego des bureaux d’études, avec qui il partage bien souvent un bagage et une capacité d’expertise équivalente, l’hydrogéologue des collectivités territoriales ne réalise que très rarement des études lui-même.

Du point de vue proprement technique, son rôle consiste, en fait, à identifier et à définir le besoin des collectivités en matières d’hydrogéologie, à définir les moyens à mobiliser pour satisfaire ces besoins, puis à vérifier que les prestations réalisées sont conformes à celles qui ont été commandées. De ce fait, il intervient bien souvent à l’amont des projets, dégrossissant les thématiques à l'amont des processus de décision puis suit les opérations jusqu'à la réception complète des prestations réalisées par des intervenants extérieurs, spécialisés ou non dans l’hydrogéologie.

Dans l’exercice de son activité, il devra non seulement aborder les questions techniques mais aussi prendre en compte, voire régler les problématiques économiques, juridiques et administratives.

Il convient enfin de ne pas oublier une mission essentielle de l’hydrogéologue des collectivités territoriales qui consiste à collecter, mettre en forme et conserver l’information géologique et hydrogéologique sur le territoire de compétence de sa collectivité. Il peut ainsi dans ce cadre avoir la responsabilité d’un réseau de mesure.

Les principaux domaines où l’hydrogéologue des collectivités territoriales intervient sont les suivants :

  • la recherche de ressource en eau, et pas seulement souterraine pour l’alimentation en eau potable et, dans une moindre mesure, l’agriculture ou l’industrie ;
  • la surveillance, la protection et la gestion des eaux souterraines ou superficielles ;
  • l’organisation de la gestion des ressources en eau ;
  • l’étude amont de l’impact potentiel d’aménagement et ce quelle que soit la taille du projet (de l’infrastructure routière au rejet d’assainissement autonome).
 

Statuts

Même si le recours à des agents contractuels pour des missions temporaires est possible, la titularisation après concours de la fonction publique territoriale constitue un point de passage obligatoire pour tout hydrogéologue souhaitant trouver un emploi à durée non limitée dans une collectivité territoriale.

À noter qu’une fois titulaire, et quel que soit le niveau de ses diplômes, c’est son grade qui permettra de définir la place de l’hydrogéologue dans la hiérarchie de la collectivité (technicien, ingénieur territorial, ingénieur principal, ingénieur en chef de première catégorie). Quant à son avancement, il dépendra en premier lieu de son ancienneté.

Formation

Les formations de niveau bac +2 et plus permettent de présenter le concours externe de technicien. Les formations de niveau bac +5 et plus permettent de présenter le concours externe d’ingénieur.

De ce fait, de nombreuses filières proposant une formation en hydrogéologie permettent d’accéder aux postes dans les collectivités, aussi bien la filière universitaire (IUT,LMD) que les écoles d’ingénieurs.

Perspectives

À l’évidence, le non renouvellement des postes au sein des services de l’État et la nécessaire prise en compte des eaux souterraines dans les projets d’aménagements du territoire sont à l’origine d’une augmentation constante du nombre de postes d’hydrogéologues au sein des collectivités territoriales (4 à 5 par an depuis la fin des années 90).

Hydrogéologue dans les services de l'Etat

Leurs missions sont très variées. Elles dépendent bien entendu de leur employeur, et à l’intérieur du même ministère, les situations peuvent être très différentes. Et les évolutions, notamment au cours des années 90, ont été importantes. Elles sont d’ailleurs toujours d’actualité.

A la fin des années 70 et au début des années 80, les deux structures qui accueillaient la plupart des hydrogéologues (quelques dizaines !) étaient les SRAE (services régionaux d’aménagement des eaux) et les DDAF (directions départementales de l’agriculture et de la forêt), deux services déconcentrés du ministère de l’agriculture.

Les SRAE ont été intégrés au cours des années 90, dans de nouvelles structures régionales, les DIREN (directions régionales de l'environnement), qui dépendent maintenant du ministère de l’écologie et qui ont conservé, voire étendu, les missions confiées aux hydrogéologues dans le cadre de la préservation des ressources en eau.

On trouve également des hydrogéologues, mais en petit nombre, dans les CETE (centres d'études techniques de l'équipement), les DRE (directions régionales de l’Equipement), les DRIRE (directions régionales de l'industrie, la recherche et l'environnement)), les DDASS (directions départementales des affaires sanitaires et sociales).

Enfin, des hydrogéologues exercent parfois dans les services centraux des ministères (environnement, agriculture, équipement, industrie, santé).

Dans les directions régionales de l'environnement

Dans les DIREN, l'hydrogéologue apporte un appui technique et réglementaire en hydrogéologie dans le cadre de la gestion des milieux et de la prévention des pollutions et des risques.

Ses activités principales sont :

  • la coordination et la mise en œuvre des réseaux de surveillance quantitative et qualitative des eaux souterraines (notamment dans le cadre de la mise en application de la directive européenne définissant un cadre pour une politique communautaire de l'eau), la gestion du réseau piézométrique régional et l’exploitation des données du réseau qualitatif ;
  • la fourniture d’avis techniques sur tous les projets d’aménagement susceptibles d’avoir un impact hydrogéologique important (procédures loi sur l’eau ou installations classées pour la protection de l'environnement,…) ;
  • la réalisation d’expertises techniques, la synthèse des données (directive nitrates) et l’appui aux MISE pour la délimitation des zones vulnérables, ainsi que la localisation des zones inondables.
 
Dans les directions départementales de l'agriculture et de la forêt

Dans les DDAF, les hydrogéologues sont soit titualires, soit contractuels mis à disposition par les départements. Leur nombre a fondu comme neige au soleil depuis la mise en application des lois de décentralisation au profit des conseils généraux.

Ils exercent au sein des services d’appui aux collectivités (ingénierie) ou des services de l’environnement.

Dans les services d’ingénierie, l'hydrogéologue exerce des missions :

  • d'assistance conseil (technique, réglementaire, financière) aux collectivités pour les recherches d’eau souterraine et la mise en place des périmètres et actions de protection autour des points d’eau publics ;
  • de réalisation ou de coordination d’études générales sur l’eau potable et de prospections hydrogéologiques sur de grands secteurs, en liaison avec les services du conseil général ;
  • de maîtrise d’œuvre ou de conduite d’opération des forages d’exploitation.

Dans les services environnement, l'hydrogéologue est généralement rattaché au pôle de police de l’eau. Il participe aux travaux de la MISE (mission interservices de l'eau) et apporte ses compétence aux opérations de gestion concertée (SDAGE, SAGE, contrats territoriaux, etc.) en liaison avec les DIREN et les agences de l’eau, et aux opérations d'ordre règlementaire (déclarations/autorisations de forages et de prélèvements d’eau).

Dans les directions régionales de l'équipement

Dans les DRE, l’hydrogéologue participe aux projets de création d'infrastructures routières et agit en tant qu’expert "eau" sur toutes les questions de gestion des eaux de chaussée et de dimensionnement des bassins de rétention par exemple. Il doit prévoir, dans le cadre d’un projet routier et de construction d’une infrastructure, tous les aménagements nécessaires permettant d’intégrer les problèmes du sous-sol et de circulation des eaux souterraines.

Dans les directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement

Dans les DRIRE, il a essentiellement un rôle d’appui aux subdivisions départementales en matière d’eau souterraine sur tous les dossiers d'installations classées pour la protection de l'environnement (parmi lesquelles les carrières), sur les schémas départementaux des carrières et sur les sites et sols pollués. Il participe également, avec la DIREN, à la programmation des opérations du BRGM dans le cadre des missions d'appui à l'administration qu'exerce ce dernier.

Dans les directions départementales des affaires sanitaires et sociales

Dans les DDASS (service santé-environnement), il intervient sur tous les problèmes posés par les activités potentiellement polluantes et les questions liées à la vulnérabilité et à la contamination des eaux (décharges, plans d’épandages, carrières, cimetières, projets routiers,…) qui peuvent mettre en cause la santé publique. Il participe également aux procédures d'autorisation d'exploiter et d'instauration des périmètres de protection pour les captages d'eau potable.

Dans les ministères

Enfin, en administration centrale(Ministère de l'écologieessentiellement), son rôle sera :

  • d’initier et de mettre en place les actions favorisant une meilleure connaissance du fonctionnement des eaux souterraines et permettant une gestion quantitative et qualitative de celles-ci en fonction du contexte hydrologique global ;
  • de participer activement à l'élaboration des réglementations.

Statuts

L’intégration dans le corps des ingénieurs de l’état des hydrogéologues mis à disposition et l’organisation de concours externes ouverts à ceux-ci au cours des années 90, a permis de diminuer sensiblement le nombre d’hydrogéologues contractuels. Ils sont donc maintenant pour la plupart, ingénieurs de l’agriculture et de l’environnement (DDAF, DRAF, DIREN), des travaux publics de l’état (DRE, CETE), d’études sanitaires (DDASS) et deviennent divisionnaires ou principaux avec l’âge en prenant généralement de nouvelles compétences et responsabilités. On retrouve toutefois des chargés d’études contractuels en DIREN.

Perspectives

Elles sont très floues actuellement, compte tenu des nombreuses réformes et réorganisations de services qui se profilent à l’horizon. On peut toutefois espérer que les postes d’hydrogéologues au sein du ministère de l’écologie et du développement durable (et notamment en DIREN) seront maintenus ou développés. Pour le reste, il est difficile de faire des projections.

Hydrogéologue dans les agences de l'eau

Plus généralistes que spécialistes, les hydrogéologues des agences de l’eau interviennent d’une manière générale dans le domaine de la politique de l’eau en collaboration avec les services de l’Etat et les collectivités territoriales.

On peut distinguer trois principaux domaines d'intervention :

  • la gestion de la ressource et la planification ;
  • la définition et la gestion de réseaux de surveillance ;
  • les études de connaissance générale et leur valorisation.
Gestion de la ressource et planification

Dans ce cadre l’hydrogéologue apporte son concours dans l’élaboration des documents de planification du bassin et plus particulièrement sur les points relatifs aux eaux souterraines dans les Sdage, les états des lieux et les programmes de mesures liés à la directive européenne fixant un cadre pour une politique communautaire de l’eau (DCE).

Pour certains Sage à forte composante eaux souterraines, il participe aux groupes de travail sur la gestion quantitative ou qualitative. Au-delà d’une simple participation, il peut être responsable, lorsque l'Agence de l'eau se porte maître d’ouvrage, d’études et de modélisation en vue de la gestion de grands aquifères interdépartementaux ou interrégionaux et ainsi jouer un rôle fédérateur. Cela peut aller jusqu'à la maîtrise d’ouvrage des premières phases de Sage.

Grâce à sa vision globale du bassin, l’hydrogéologue doit dégager les grands enjeux prioritaires, tant au niveau de la thématique que de la sélectivité géographique. Il doit ainsi être vigilant à tout signe de dégradation quantitative ou qualitative de la ressource. Il participe en effet activement à la préparation des programmes pluriannuels d’intervention de l’agence et doit donc parfaitement définir les besoins techniques et budgétaires à mettre en œuvre ainsi que les modalités de participation financière de l’établissement.

Dans une agence de l’eau, l’avantage de se trouver à un carrefour de données et d’informations conduit l’hydrogéologue à pouvoir apporter son soutien et expertise technique à tous les services de l’Etat ou des collectivités et ainsi transposer des techniques opérationnelles sur d’autres sites.

Selon les agences, l’hydrogéologue apporte son soutien ou est au cœur des services chargés de l’alimentation en eau potable pour expertiser les dossiers de prospection ou de protection des ressources d’eau potable.

Il est également chargé de faire de la prospective, d’assurer une veille technologique et une cohérence avec les bassins voisins. A ce titre il participe à différents groupes de travail nationaux pilotés par le ministère de tutelle.

Définition et gestion des réseaux de surveillance

La surveillance des aquifères relève d’une mission publique mais, selon les régions, l’histoire se décline de façon diverse et est en continuelle évolution.

En agence, l’hydrogéologue a souvent défini le cadre des réseaux patrimoniaux de bassin pour la piézométrie et la qualité (densité, fréquence des mesures). Si les conditions de leur mise en œuvre sont très variables, le partenariat avec les collectivités ou les services de l’Etat est très souvent recherché.

Actuellement, à de rares exceptions près, la gestion des réseaux patrimoniaux est confiée au BRGM pour les réseaux piézométriques et aux agences de l’eau pour la qualité ; c’est l’hydrogéologue de l’agence qui se charge de ce dernier point avec notamment l’extension des réseaux dans le cadre de la mise en œuvre de la DCE. Il doit donc traiter toute la chaîne, depuis la conception du réseau jusqu'à la validation des données et la production de documents élaborés, même si certains maillons peuvent être externalisés.

Études de connaissance générale ou de recherches

Ces études sont souvent portées par les collectivités territoriales, notamment les départements, auxquels l’agence apporte non seulement son soutien financier mais aussi technique grâce à l'intervention de son hydrogéologue. A ce titre il porte un jugement critique sur la demande de financement, instruit le dossier et assure son suivi jusqu’au paiement final.

Certaines études interrégionales ou à caractère plus fondamental sont portées en maîtrise d’ouvrage par l’agence et son hydrogéologue : cartes piézométriques de grands aquifères, référentiels hydrogéologiques, découpage des masses d’eaux, outils d’évaluation de la qualité des eaux souterraines, études méthodologiques, ...

La vision générale d’une région ou d’un bassin permet également de dégager les priorités d’action sur telle ou telle nappe et d’engager les études nécessaires ou de les faire engager par un maître d’ouvrage tiers.

Statut

En agence de l'eau, l'hydrogéologue est titulaire de son poste au sein de son agence. Les agences de l'eau ont un statut spécifique lié à leur nature d'établissement public à caractère administratif.
Mis en ligne le 19 décembre 2007

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